22.1.12

Franz-Olivier Giesbert - Un très grand amour.




Résumé de l'éditeur:

"Sur son lit de souffrances, quelques semaines avant de mourir, maman m'avait mis en garde:
"Qu'est-ce que c'est bête, un homme.
- Je ne comprends pas.
- C'est bête, égoïste et pas fiable. Antoine, promets-moi de ne jamais te comporter comme un homme."
Je me souviens que j'ai hoché la tête. Encore une promesse que je n'ai pas tenue. Je suis resté à l'affût. Même quand j'étais heureux en ménage, ce qui fut souvent le cas, je continuais à rechercher le très grand amour, celui qui, selon Spinoza, constitue un "accroissement de nous-même".
C'est exactement la sensation que j'éprouvais en observant la fille aux cheveux d'or. Je m'accroissais. Je m'élevais, aussi."

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C'est bien la première fois que j'entendais ce nom, "Giesbert". Oui je sais, inculte. J'apprends, j'apprends !
C'est toujours bizarre, d'entamer un roman sans savoir qui est l'auteur. Personnellement je le voyais un peu comme un Foenkinos. Grand, mince, chevelu et jeune. J'vous laisse imaginer la tête d'ahurie que j'avais face à Wikipédia, qui m'informait que Giesbert est né en 1949. AU TEMPS POUR MOI.
Bref. Je ne sais d'où vient ce livre. Je sais qu'en librairie je ne l'aurais pas choisi, ni le titre, ni la quatrième de couverture ne me faisaient envie. On a dû me l'offrir, et je l'ai lu parce que c'était ou ça, ou des bouquins de fac. Et que j'ai vite tranché.

Alors, pourquoi pas. J'ai trouvé ça original. L'histoire d'un homme qui "enchaîne les conquêtes", mais à un niveau beaucoup plus héroïque que le tombeur qui collectionne les coups d'une nuit. Antoine est un homme d'une soixantaine d'années, qui a cinq divorces à son actif (j'avoue ne pas être sûre du chiffre, mais ça doit tourner entre 5 et 7). Antoine est un homme qui tombe amoureux. Qui se marie. Qui a des enfants. Qui a le bonheur devant les yeux, sous le nez, à portée de main (anatomie bonjour !).
Mais Antoine est un homme moderne: le bonheur lui semble être ailleurs. Alors il tombe à nouveau amoureux, trompe sa femme qui ne l'aime plus, avec une fille qui ne l'aimera plus. Antoine divorce. Antoine se fait casser la gueule, Antoine se fait briser le coeur.
Antoine est malade: dans son corps, dans sa tête, dans son coeur. C'est un écrivain raté, un mari foireux, un amant bidon: bref, c'est un écorché vif.

L'amour n'a plus cette durée courte comme chez Beigbeder. Il est ici impérissable, mais il faut le trouver. Je ne m'attendais pas à ça, en lisant le titre. Je m'attendais à une sorte de roman mièvre, je me retrouve avec quelque chose qui m'a pesé sur le ventre lors de la lecture des 30 dernières pages.
(Et puis, même si ça n'a rien à voir & que c'est totalement personnel, la photo de couverture de l'édition folio me faisait constamment penser à quelqu'un que j'aime, alors peut-être que je l'ai pris un peu trop à coeur).

Disponible en grand format: Gallimard, 17.50€
Disponible en format poche: Folio, 6.20€

Beigbeder Frédéric - Nouvelles sous ecstasy.




Résumé de l'éditeur:

Dans les années 1980, une nouvelle drogue fit son apparition dans les milieux noctambules: le MDMA, dit "ecstasy". Cette "pilule de l'amour" procurait d'étranges effets: bouffées de chaleur, envie de danser toute la nuit sur de la techno, besoin de caresser les gens, grincements de dents, déshydratation accélérée, angoisse existentielle, tentatives de suicide, demandes en mariage. C'était une drogue dure avec une montée et une descente, comme dans les montagnes russes ou les nouvelles de certains écrivains américains. L'auteur de ce livre n'en consomme plus et déconseille au lecteur d'essayer: non seulement l'ecstasy est illégal, mais en plus il abîme le cerveau, comme le prouve ce recueil de textes écrits sous son influence. Et puis, avons-nous besoin d'une pilule pour raconter notre vie à des inconnus ? Alors qu'il y a la littérature pour ça ?

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Je crois que c'est le livre que j'préfère de Beigbeder (si on enlève la préface de Premier bilan après l'apocalypse). Il détend. Et puis l'avantage des nouvelles, c'est que si l'une nous bassine, on passe à la suivante, et on ne loupe pas l'essentiel.
J'ai trouvé ça chouette. En un sens ça m'faisait penser à Mordre au travers, le recueil de nouvelles de Despentes. En tout aussi basé sous la ceinture, mais en plus poétique, plus agréable, moins agressif. Beigbeder a ce pouvoir de m'faire dire d'un livre sur l'autre "ah mais comment j'aime ce mec" et "il m'saoule". Je ne le cerne pas, & j'espère HONNÊTEMENT que je ne le cernerai jamais. J'aime ne pas savoir si ce que je vais lire de lui sera un manifeste de son statut d'écrivain, ou une manifestation de son statut de mâle.

Nouvelles sous ecstasy se lit rapidement. Un trajet de train de moins d'une heure. Vous aurez l'air idiot, un gros sourire de gamin collé à votre visage, ou de grosses taches rouges sur les joues, de peur que votre voisin s'imagine que vous être en train de lire un roman érotique. Redondance de mots gênants. Je ne suis ni chaste, ni prude, seulement sensible. Et j'ai a-do-ré !

Disponible en grand format: Gallimard, 12.50€
Disponible en format poche: Folio, 4.10€

(Il existe aussi en livre audio, chez Gallimard pour la modique somme de 5€ et des poussières. Mais ça doit être particulièrement.. étrange !)

Beigbeder Frédéric - Premier bilan après l'apocalypse.






Résumé de l'éditeur:

L'apocalypse, serait-ce donc l'édition numérique, ou comme dans Fahrenheit 451 de Ray Bradbury, la température à laquelle le papier s'enflamme et se consume ?
Dans son Dernier inventaire avant liquidation, Frédéric Beigbeder commentait le choix de la FNAC. Désormais, dans cette arche de papier, il sauve au vingtième siècle tous les livres, pour être précis les 100 oeuvres, qu'il souhaite garder au vingt-et-unième siècle. C'est donc un choix totalement personnel, égoïste, joyeux, inattendu, parfois classique (Fitzgerald, Paul-Jean Touler, Salinger et d'autres grands), souvent surprenant (Lolita Pille, Simon Libérati, Patrick Besson, Jay Mc Inerney, Bret Easton Ellis, Gabriel Matzeff et d'autres oiseaux de nuit, d'autres perturbateurs). Il est rare d'établir le panorama d'une littérature en train de se faire, de s'améliorer, de s'inventer. Avec ce livre-manifeste, c'est le Beigbeder livresque, joueur, lecteur, que nous découvrons, en même temps qu'une autobiographie en fragments.

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A ceux qui ont lu Dernier inventaire avant liquidation, vous retrouverez le Beigbeder savant, le lecteur, l'amoureux des livres. Celui qui vous fait comprendre que vous êtes à la ramasse, parce que sur les 100 livres qu'il souhaite emporter dans sa tombe, vous en avez lu deux. Et encore, pour l'un d'entre eux, c'est l'collège qui vous a forcé à le lire. Personnellement j'en ai lu 5. Plus que 95 !

M'enfin là n'est pas l'essentiel. J'crois que le véritable pouvoir de ce bouquin se trouve dans son fond, touuuut au fond, plutôt que dans cette forme de catalogue des plus belles lectures. Nan parce que sérieusement, rien que préface (de sa plume). C'est, pour tous les défenseurs du livre papier, la plus belle préface du monde. Une plaidoirie du livre en version papier, en version "noble", face à ce livre électronique, dénué de charme & de sens, dénué de toute mysticisme. Le livre papier est une oeuvre d'art. Un objet de pouvoir.
Une plume d'or pour une cause noble. Cette préface a quelque chose de magique. De mystérieux. De fort. Elle détruit tout ce qui était pourri pour reconstruire du plus beau, du plus neuf. Du plus royal. Cette préface devrait être enseignée à l'école. Et j'écris ce que je pense.

J'sais pas si c'que j'dis a un sens. J'en doute. Seulement, si vous êtes un amoureux des livres, allez chez votre libraire, prenez Premier bilan après l'apocalypse, cachez vous dans un rayon & lisez la préface. Ne l'achetez pas, si savoir quels sont les 100 livres préférés de Beigbeder ne vous intéresse pas. Mais borde*, lisez ces 16 premières pages. Vous reviendrez de loin.

"L'indifférence des endormis ne signifie pas que ce qui arrive n'est pas grave" - Beigbeder.

Disponible en grand format: (uniquement) Grasset, 20.50€